Notre trio de douceur est revenu cette année à Penvern. Le concert jazz-folk donné était assez similaire à celui de 2023, l’enthousiame et la bonne humeur des musiciens n’ont pas varié. Comme ils l’expliquent entre les morceaux joués, l’idée est de semer « les petits cailloux » du bonheur sur les routes de Bretagne, et c’est réussi.
Poésie et tradition inspirent ce trio virevoltant de multiinstrumentistes tous de blanc vêtus. Et toujours ils chantent la liberté, celle d’Eluard et de son célèbre poème éponyme, celle de Michel Legrand composée pour les amoureux et celle d’Oscar Peterson, le pianiste et compositeur canadien qui écrit « Hymn to Freedom » :
When every heart joins every heart and together yearns for liberty,
That’s when we’ll be free.
When every hand joins every hand and together moulds our destiny,
That’s when we’ll be free.
Any hour any day, the time soon will come when men will live in dignity,
That’s when we’ll be free.
When every man joins in our song and together singing harmony,
That’s when we’ll be free.
Hymn to Freedom (Oscar Peterson)
Un très joli concert qui a enchanté les spectateurs de Penvern ce soir.
Mais après cet instant hors du temps dans la chapelle, il faut charger le camion…
Comme on n’arrive pas à se quitter ainsi, on se retrouve ensuite au bar de la plage pour parler de… liberté et apprendre que Cécile et Jean sont associés dans un autre trio, le Trio Fragment, avec un saxophoniste allemand de jazz : Andreas Gummersbach. Ensemble ils ont fait revivre Barbara dans un univers franco-allemand. C’est Barbara qui avait créé cette incroyable ode à la réconcilation entre les ennemis héréditaire, Göttingen !
A peine vingt après cette terrible guerre mondiale qui dévasta l’Europe, Barbara qui dut se cacher à Paris durant l’occupation allemande du fait de sa religion juive, présentait un concert dans la ville de Göttingen et fut frappée par la gentillesse d’étudiants locaux qui lui trouvèrent le piano à queue dont elle avait besoin. Elle composa Göttingen sur un coin de table qu’elle improvisa le dernier jour de sa série de concerts dans la ville. Cette chanson est devenue par la suite l’un des symboles artistiques de cette réconciliation qui allait mettre du temps à se consolider et bouleversa tellement les âmes de ces deux peuples.
Ô faites que jamais ne revienne
Le temps du sang et de la haine
Car il y a des gens que j’aime
A Göttingen, A GöttingenEt lorsque sonnerait l’alarme
S’il fallait reprendre les armes
Mon cœur verserait une larme
Pour Göttingen, pour Göttingen…
Le Trio Fragment a monté un spectacle basé sur les chansons de Barbara qu’il a présenté en France et en Allemagne, et même à Jérusalem, 50 après la création de Göttingen, 70 ans après la paix entre les deux pays. Et c’est à cette occasion qu’ils ont recueilli les réactions souvent bouleversantes des spectateurs français ou allemands, les descendants de ceux qui se sont battus si sauvagement durant trois guerres.
Emus par l’intensité des sentiments déclenchés par leurs concerts, ils ont distribué papiers et crayons aux spectateurs pour qu’ils écrivent leurs âmes. Et ils en ont fait un livre qui accompagne le CD. Beaucoup des réflexions des publics se réfèrent au passé tragique entre France et Allemagne mais surtout à la réconciliation durable intervenue depuis, portée aussi par les mots de Barbara si poétiquement chantés par le Trio Fragment.
Les enfants, ce sont les mêmes, à Paris ou à Göttingen
Alors pourquoi le Trio Fragment ne passerait-il pas aussi un jour par Penvern ?
Les musiciens
- Clare Hine-Goubin : chant, piano, harmonium indien, ukulélé
- Cécile Verdin : chant, contrebasse
- Jean Zimmermann : chant, piano, contrebasse, violon
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